Comment choisir son matériel de podcast ?

Comment choisir son matériel pour produire ses podcasts?

Lorsque l’on se lance dans la création de ses propres podcasts, le choix du matériel (micros, cartes son, logiciels..) peut s’avérer complexe.

En effet, on trouve beaucoup de caractéristiques difficiles à comprendre, de nombreuses gammes de produits, et parfois des avis de professionnels se contredisant.

Ainsi, quelque soit votre niveau de connaissance en production sonore ou même votre budget, il peut être intéressant de comprendre ces caractéristiques, pour que votre matériel corresponde parfaitement aux attentes (et aux contraintes) liés à la production de vos podcasts.  

Vous trouverez à la fin de cet article un tableau comparatif de micros, cartes sons, casques et cartes son pertinents pour vous lancer dans l’enregistrement de vos podcasts.

 

I – Les micros

II – Les cartes sons

III – Les casques

IV – Les logiciels

V – Guide comparatif (à télécharger)

 

🎙️ I – Les micros

Quand on veut enregistrer une voix (ou n’importe quel signal audio), il est tout d’abord nécessaire de choisir le microphone qui correspond à l’utilisation que l’on veut en faire. 

Pour faire ce choix, il faut au préalable bien définir ses besoins et contraintes : 

  • combien de micros sont nécessaires ?
  • quelle tessiture de voix (masculine/féminine par exemple) allons nous enregistrer ?
  • quel budget peut on investir ?

Il existe de nombreuses caractéristiques techniques sur lesquelles vous pourrez ensuite vous appuyer pour que votre achat corresponde parfaitement à vos attentes. Voici une liste de notions importantes relative au microphones.

– Les types de micros

Il existe différents types de microphones, chacun plus efficace dans des usages particuliers (en raison de leurs caractéristiques techniques différentes). En fonction de leurs constitutions, ces derniers ne captent pas le son de la même façon, ce qui change considérablement la façon dont on peut les utiliser (et le son final enregistré).

 

  • Les micros dynamiques (comme le SM58 de Shure) sont souvent utilisés en live pour la faible sensibilité de leur membranes (qui permet d’éviter les larsens). Ces microphones ont aussi une bonne résistance à la pression acoustique, on peut donc les utiliser pour capter des sources sonore puissantes (comme des ampli de guitare électrique par exemple). Ils sont cependant peu sensibles, et doivent être placé assez proche de la source sonore.

 

  • Les micros à condensateur (appelés aussi micros “statiques”), souvent utilisés en configuration studio, sont généralement plus sensible que les dynamiques et nécessitent une alimentation phantom. Il en existe de nombreux types: micros cravate (petit micros utilisés en plateau télé et en cinéma), cigares (petite membrane, utilisés surtout pour des captations aiguës), canon (long, utilisés principalement en perche).. Ils sont (généralement) plus cher que les micros dynamiques. Leur sensibilité permet d’obtenir un son plus précis qu’un micro dynamique, mais peut causer plus de problèmes avec l’acoustique de la pièce qu’on utilise; la réverbération d’une pièce non traitée est très difficile à éviter lors d’un enregistrement avec un micro statique.

 

Il existe aussi d’autres types de micros, comme par exemple les micros à ruban. Ces micros sont connus pour leur “chaleur” à l’enregistrement, et ont souvent une belle présence dans les graves. Ce sont cependant des micros très fragiles, qui peuvent être instantanément inutilisable s’il reçoivent une alimentation phantom de 48v.

En podcasts et émissions, on retrouve souvent des micros statiques ou dynamiques, larges membranes (qui capte facilement les basses fréquences d’une voix et en transmet la rondeur, ce qui est plutôt appréciable dans ce type d’utilisation).

 

– La Directivité

La directivité d’un micro correspond à l’espace ou l’ouverture de captation de ce dernier. En fonction de sa directivité (cardioïde, omnidirectionnelle, figure en 8…), un micro peut capter une source sonore d’une manière plus ou moins directive. 

 

  • Le capteur d’un micro omnidirectionnel réagit de la même façon quelque soit l’origine spatiale du son. Cela peut s’avérer utile dans des configurations podcast avec plusieurs participants (et que vous disposez seulement d’un micro), ou encore pour effectuer des prises d’ambiances.

 

  • Un micro avec une directivité bidirectionnelle (figure en 8) capte le son à deux extrémités différentes (à l’avant et à l’arrière de la membrane, mais pas sur les côtés), et peut donc permettre une captation de deux différentes personnes (type interview) dans un setup podcast.

 

  • Pour ne capter qu’une source sonore avec le moins de son environnant possible, un micro avec une directivité cardioïde (voir même hypercardioïde) est parfait. 

 

Certains micros permettent de choisir entre différentes directivités. (comme le C414 d’AKG par exemple).

Les constructeurs renseignent généralement le type de directivité de leur micro dans les magasins ou sur les sites marchands. Si l’on souhaite connaître plus précisément la directivité d’un micro, on peut regarder son diagramme polaire, qui est disponible sur sa fiche technique (à l’achat ou sur internet). 

 

diagramme polaire exemple 1diagramme polaire exemple 3 diagramme polaire exemple 2

Exemple de diagrammes polaires: chaque cercle représente une intensité sonore (en décibel), et la figure représente la direction de captation (0° étant en face du micro, et 180° derrière). 

 

La réponse en fréquence 

La réponse en fréquence d’un micro correspond à une représentation de l’intensité avec laquelle ce dernier capte toutes les fréquences sonores audibles par l’oreille humaine (entre 20 et 20 000 Hertz). En effet, chaque microphone transcrit différemment la source sonore qu’il capte, avec plus ou moins d’intensité sonore dans les graves, les médiums ou les aiguës. 

Ainsi, il est nécessaire de choisir son micro en fonction de la source à capter, et de la manière dont on compte la retranscrire. 

Vous trouverez ci-dessous les graphiques de réponse en fréquence des micros SM57 et  C414. Sur un graphique de réponse en fréquence, l’axe des abscisses correspond à la fréquence (en Hertz) et celui des ordonnés au niveau sonore (en décibels). 

 

Schéma de la réponse en fréquence du SM57 de Shure.

Schéma de la réponse en fréquence du SM57 de Shure.

 

Schéma de la réponse en fréquence du C414 d’AKG, avec la représentation de ses différents filtres coupe-bas. 

Schéma de la réponse en fréquence du C414 d’AKG, avec la représentation de ses différents filtres coupe-bas. 

 

Lorsque l’on compare leur réponse en fréquence, on remarque que le C414 (sans coupe-bas d’actif) capte mieux les fréquences en dessous de 200 Hertz (ce qui paraît logique en raison de sa large membrane). On peut aussi voir que le SM57 possède un boost de présence dans les aiguës (aux alentours de 5000 Hertz), et perd en capacité de captation après 10 000 Hertz (contrairement au C414, qui reste stable jusqu’à 15 000 Hertz).

 

La connectique

Afin de transmettre le signal à une carte son (ou n’importe quel appareil pouvant amplifier et convertir le signal), les micros sont constitués d’une prise leur permettant d’être relié à l’aide d’un câble. 

La connectique la plus répandue pour les micros est la connectique XLR, qui possède le plus souvent 3 broches. Ce type de câble (réputé pour sa robustesse) permet d’éviter les perturbations électromagnétiques (des appareils environnants entres autres), et est muni d’un clip de sécurité évitant les déconnexions intempestives.

Certains microphones sont munis d’une connectique USB, qui facilite leur utilisation (la carte son n’étant pas nécessaire), mais qui peut altérer la qualité de retransmission. Avec ce type de connectique, il est nécessaire que le micro pré-amplifie correctement la source, et que la conversion analogique/digital (qui se déroule dans le micro dans ce cas) soit efficace pour pouvoir avoir une bonne restitution du son capté.

 

Exemple d’un câble XLR (femelle à gauche, mâle à droite).

 

L’alimentation

Certains microphones (statiques dans la majorité) nécessitent d’être alimentés par une tension externe afin d’être utilisé. La plupart du temps, cette alimentation dite « phantom » est de 48V.

La majorité des cartes son possèdent une fonction qui permet de fournir une alimentation phantom à son micro. Il est cependant nécessaire d’être vigilant avec ce paramètre, car certains microphones ne supportent pas cette alimentation (comme les micros à ruban par exemple).

 

🎛️ II – Les cartes son

La carte son est le périphérique qui permet de relier le micro et le logiciel qui enregistre votre signal. C’est un facteur très important de la qualité finale de votre source sonore, car c’est dans cette partie de la chaîne du signal que le son est pré-amplifié (c’est à dire que le signal d’entrée, faible et sensible au bruit, est transformé en un signal de sortie plus fort et stable) et est converti en signal numérique. 

Pour bien choisir sa carte son, il faut notamment réfléchir au nombre de source que l’on veut capter simultanément, au nombre de sorties dont vous souhaitez disposer. 

La difficulté réside dans le compromis à faire entre le nombre d’entrées / sorties et la qualité de leurs préamplificateurs. En effet, chaque canal nécessite un préamplificateur, ce qui peut s’avérer plus onéreux pour une grosse configuration.

Un exemple de carte son pour une configuration podcast basique

La Focusrite – Scarlett 2i2 est un choix accessible si vous souhaitez enregistrer 2 intervenants en simultané dans vos podcasts.

 

– Le nombre d’entrées / sorties

Chaque cartes son dispose d’un nombre d’entrées et de sorties, et il est important de vérifier si ce dernier correspond à ce que l’on recherche avant d’acheter son matériel. 

Les cartes son d’entrée de gamme sont souvent composées de 2 entrées et 2 sorties et d’une sortie casques. Lorsqu’on s’intéresse à du matériel haut de gamme, on observe souvent 8 in/out, ainsi que des connexions supplémentaires (dans d’autres connectique qu’XLR, comme la Sub-D 25 par exemple, qui permet de transporter plusieurs signaux numérisés dans la même connectique).

Afin de choisir sa carte son idéale pour du podcast, il convient principalement de s’intéresser aux nombres de participants simultanés dans vos futures émissions.

 

🎧 III – Les Casques

Pour avoir une bonne qualité d’écoute lors de l’enregistrement et du mixage de vos podcasts, il est important de bien choisir les casques que vous utiliserez.

Il existe une large gamme de produits, à des prix et qualités variés. Encore une fois, tout dépend de vos attentes !

Ainsi, voici une liste de critères utiles pour déterminer quel casque correspond à vos attentes. 

 

– Casque ouvert, semi-ouvert ou fermé ?

Il existe différents types d’ouverture de casques, qui influent sur la manière dont l’appareil restituera le signal sonore. 

  • Un casque avec une structure ouverte diffusera quasiment autant dans vos oreilles qu’à l’extérieur, il bénéficie d’une meilleure spatialisation du son. Cependant vos oreilles ne seront pas isolées des bruits environnants.
  • À l’inverse, un casque fermé ne diffusera que vers les oreilles, ce qui le rend souvent isolant mais crée aussi des baisses d’intensité sonore sur certaines parties de sa réponse en fréquence. Il bénéficie généralement d’une image stéréo moins nette.
  • Un casque avec une structure semi-ouverte est presque à mi chemin entre les deux options précédentes. Néanmoins, il se rapproche d’avantage d’un casque ouvert. Il peut être intéressant pour un premier achat, étant donné sa polyvalence.

Comparasion casque fermé et ouvert

 

– La réponse en fréquence

Tout comme les micros captent le signal sonore de façon différente, les casques retransmettent ce même signal différemment selon les modèles. Il s’agit donc de s’intéresser à la réponse en fréquence de votre casque.

Par exemple : certains modèles donnent une certaine couleur au son retransmit en boostant les fréquences basses (les graves). Dans ce cas de figure, vous entendrez votre podcast avec plus de basse qu’il n’en a réellement, ce qui pourra fausser votre mix. (tous vos auditeurs n’ont pas le même appareil d’écoute que vous !).

Si vous souhaitez mixer vos podcasts vous même, il est recommandé d’avoir un casque avec une réponse en fréquence la plus neutre possible. On peut parler de « casque de monitoring » pour les professionnels les plus exigeant.

 

– L’impédance acoustique

L’impédance acoustique correspond à la résistance d’un milieu au passage d’une onde acoustique. Lorsqu’un signal sonore passe d’un appareil à un autre (d’une carte son à des enceintes par exemple), l’appareil recevant le signal effectue une résistance électrique (mesurée en Ohms), qu’on peut mesurer sur une fréquence donnée. 

Dans le cas d’une enceinte, plus son impédance est élevée, plus cette dernière résistera au signal qui lui est transmise (et moins elle pourra dégager de puissance en sortie par rapport à la source).

À l’inverse, plus l’impédance de l’enceinte est basse, plus la charge de son ampli augmentera, ce qui peut amener votre configuration jusqu’au court-circuit.

Afin d’obtenir un setup avec une bonne impédance jusqu’aux enceintes, il est nécessaire que le circuit soit à une impédance 10 fois inférieure à celle des enceintes de sorties. 

Le matériel audio est généralement prévu pour correspondre à cet objectif, et les constructeurs indiquent l’impédance de leur produit dans leur fiche technique afin de prévoir les problématiques de résistance dans sa configuration.

 

💻 IV – Les logiciels séquenceurs (DAWs)

Un séquenceur ou DAW, vous permet d’enregistrer votre signal, de l’éditer, le mixer avec d’autres pistes, et de le traiter pour le rendre plus agréable. Il existe de nombreux séquenceurs différents (FL Studio, Logic, Ableton,…), qui comportent chacun leur spécificités. 

Notez qu’il est important de choisir celui avec lequel vous êtes le plus à l’aiseL’important étant de pouvoir effectuer les traitements et montages que vous voulez le plus facilement  possible. Si vous utilisez déjà un séquenceur pour une autre utilisation (production musicale,mixage…), il peut parfois s’avérer plus pertinent de rester sur ce DAW.

En entrée de gamme, on trouve des logiciels comme Audacity ou Garageband, gratuits,  qui permettent d’enregistrer, monter et traiter votre son sans avoir besoin de beaucoup de connaissances. Ces logiciels sont pertinents si vous êtes novices et que vous souhaitez effectuer des traitements basiques.

On peut aussi trouver des logiciels comme Soundtrap (DAW d’édition, de production et de mixage gratuit) ou encore Omniystudio (spécialisé pour la production de podcast), qui sont disponibles en ligne gratuitement (certaines fonctionnalités ne sont disponibles que dans la version payante). 

Lorsqu’on recherche un logiciel plus complet ou plus performant (mais payant), on peut se diriger vers Adobe Audition (de la suite Adobe, avec une interface assez simple d’utilisation) pour 23,99€ par mois, ou encore Hindenburg (un logiciel d’édition audio dédié au journalistes, qui facilite le traitement et l’édition des pistes). 

Enfin, pour une utilisation plus poussée, vous pouvez vous diriger vers des logiciels comme Pro-tools (une référence en studio) aux fonctionnalités poussées, ou encore Reaper (qui permet de personnaliser toute son interface en fonction de ses préférences). 

Tout dépend de votre expérience des logiciels séquenceurs, de l’utilisation que vous souhaitez en faire, et bien entendu du budget que vous comptez allouer pour votre DAW.

 

Les formats de plug-ins 

Lorsqu’on utilise un séquenceur, il est possible d’incorporer des programmes supplémentaires (appelé plug-in), qui permettent d’ajouter des traitements ou des instruments supplémentaires dans son logiciel. Il en existe différents formats (AAX, VST, AU, RTAS…), créés par différentes entreprises et chaque séquenceurs en supportent plus ou moins. Par exemple, le logiciel Logic Pro ne peut pas incorporer de plug-in type VST. 

Les logiciels séquenceurs sont souvent aussi fournis avec leur propre plug-ins intégrés, qui s’avèrent très utile dans un premier temps.

 

Conclusion 

Quel que soit la configuration de votre émission, vos connaissances techniques ou encore le budget que vous comptez dépenser, il existe des micros, cartes son, casques ou logiciels qui correspondent à vos besoins.

L’important est de comprendre les critères qui vous permettront de sélectionner votre matériel.

Notez que vous pourrez améliorer votre configuration pas à pas, une fois votre premier setup établit, en achetant des micros supplémentaires, une meilleure carte son ou un séquenceur avec plus de fonctionnalités.

Aussi, n’hésitez pas à tester de nouvelles utilisations de votre matériel, ou essayer des traitements audio que vous n’utilisez pas habituellement dans votre logiciel ; la qualité sonore de votre podcast s’améliorera en expérimentant.

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